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11 juin 2003

Diorissimo & Lacrymo

Diorissimo & Lacrymo, ma non troppo

Opera en 4 actes

Paroles et Musique : Mozart, Degeyter et alii

Bruitages : CRS Prod

Eh oui, c'est tout le plaisir de partager sa vie avec quelqu'un qui confond diorissimo avec lacrymo. Aussi pour faire comme les grands frères et grandes soeurs de 68, rentrer gratos à l'opéra aller chanter l'Internationale, vieux cantique qui résonne périodiquement dans les rues de Paris, elle est pas la dernière au parfum. Mais le directeur qui n’aime pas la grande musique et n’a pas la mauvaise conscience d’un Jean-Louis Barrault assailli par les Enragés du quartier latin interrompt cette chorale. La maréchaussée reçoit l’ordre de réprimer. Résultat : matraquages violents, exactions diverses et ma meuf avec 65 jeunots embarqués par la maison poulaga. C’est Mozart qu’on assassine à 10 heures mardi soir, un 10 juin 2003. Fin du 1er acte.

A l’entracte, l’action se déplace à la caserne Berthier. La scène est divisée en deux parties. Coté jardin, le chœur parqué dans des cellules gardées par des hommes en bleu républicain. Coté cour, un autre chœur, bariolé rouge et noir dominant, qui scande « libérez nos camarades ! », sur l’air connu de Papageno, en plus grave et déterminé. Il est deux heures du mat, mercredi 11 juin.

Au deuxième acte, moderato non allegro, la nuit fait son œuvre, le chœur en cellule reçoit sa notification de garde à vue pour 72 heures, les portables sont interdits, les détenus fouillés, certains à poil, car l’auteur l’a décidé ainsi. Une avocate, genre pasionaria ou sainte Rita des causes perdues, est appelée en renfort. Elle annonce au public la comparution immédiate du coryphée au parquet à 15 heures le même jour, pour violences en réunion et de dégradations de bien public. Le chef d’orchestre de l’opéra n’aime décidément pas les artistes. Certains spectateurs commencent à se dire que la mauvaise plaisanterie du 1er acte se transforme en tragédie. D’autres, qui en ont vu d’autres, savent que la nuit sera longue et le dénouement incertain. D’où un deuxième entracte.

Les machinistes changent le décor. On transporte l’action dans une dizaine de commissariats parisiens. Les hommes en bleu accompagnent le premier chœur dans différentes cellules d’isolement, sans boire, ni manger. L’auteur pense sans doute  punir ainsi ces débordements musicaux.

L’audace scénographique du troisième acte est remarquable. L’émiettement du lieu de l’action amène le mélomane à se dédoubler constamment. Au tam-tam des cellules répondent les insultes des hommes en bleu. Mais le chœur s’emmerde et le public compatit. Il est temps de se réveiller de ce mauvais cauchemar. C'est alors que le deuxième chœur du 1er acte se transporte plus nombreux et sans l’avis de l’auteur, à 14heures au Palais « de justice », sous un soleil plombé par les hommes en bleu – toujours là, ceux-là. On est dans la plus grande confusion. L’auteur ne maîtrise plus l’intrigue. Sainte passionaria nous annonce à 16 heures la relaxe de la doyenne et de quelques autres.

Au quatrième, tout est mal qui finit à peu près bien. Je retrouve ma meuf. Mince! J’ai oublié son flacon de diorisssimo.

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