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unPLuGged

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20 mars 2008

Félicitations républicaines

Ah! qu'il force le respect, le dévouement du candidat lors d’une campagne électorale.

Tout ça, pour qui ? pour quoi ? On se le demande.

Des veaux qui beuglent à longueur de temps leurs petites misères ? Des brutes épaisses obnubilées par la défense de leurs intérêts égoïstes ? Des ignorants du Bien public qui anime pourtant "les meilleurs d'entre nous (vous)" ?

A l'observer, endimanché comme un julot casse-croûte, tapinant sans renâcler pour ravir les suffrages des gueux républicains, sous les regards interrogateurs et plein de morgue aristocratique d'une autre racaille encapuchonnée, on compatirait presque. Et que dire aussi de cette grandeur d'âme qui lui fait supporter tant d'haleines plaintives dégoulinant des cages d'escaliers, tant de truismes consternants sur l'étal des marchés, de bêtises plébéiennes dont on s'abreuve sans modération aux comptoirs des café-des-sports. Rien sinon communier de la même réprobation lorsqu'on le voit – dernière station de son chemin de croix – subir en feignant d'être amusé, tous les sarcasmes aigris des ces petits profs de zep (gauchiste, forcément gauchiste) avec lesquels  il a partagé naguère trop de mensonges bureaucratiques avant d'en choisir aujourd'hui d'autres, plus prometteurs. Rancoeur de vieux amants dont les chemins ont divergé et qui profitent maintenant, de ce moment de grâce électoral pour lui cracher ad vomitum toutes ses trahisons passées et à venir.

Au prix du baril ( 200$ ), toute cette énergie dépensée, ça frise l'outrecuidance !
Avec quand même in fine le plaisir de goûter son plaisir : être l'élu de ses administrés, c'est-à-dire celui qui a su se montrer à la hauteur sinon de leur être – inégalable – du moins de leurs espérances.

Pour cela, Henri et (tous ?!) les autres, je vous adresse mes félicitations.      

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20 février 2008

Elucubrations vélocipédiques

Elucubrations vélocipédiques

V

ous faites part, dans un i-m@il qui m’est importunément parvenu, de votre hostilité envers une proposition électorale d’une association pantinoise — solennellement dénommée Réappropriation Communale qui réclame la traduction pour les habitants non francophones de notre ville, des documents administratifs et des bulletins d’information municipaux afin de faciliter leur participation au débat public. Cette demande vous fait craindre qu’elle ne renforce les barrières linguistiques et accentue, de surcroit, le repli sur soi d’une partie de la population : n’ayant plus à fournir beaucoup d’efforts pour comprendre ou être comprises des autres, ces personnes seraient alors spontanément encouragées — par cette mesure inappropriée — à ne plus quitter leurs ghettos ; où les flammes de l’enfer communautariste anéantiraient ad aeternam tous vos (nos ?) espoirs laïques et républicains.

Compte tenu de notre passion commune pour le vélo, je me sens l’obligation morale de calmer vos ardeurs à pédaler comme une dératée en poursuivant de faux problèmes. Car, à moins de réhabiliter le garde-champêtre pour tambouriner les avis à population dans les quartiers sensibles à cette délicate attention rétro, nos réappropriateurs inappropriés paraîtront bien indigents pour présenter à leurs administrés indigènes ou allogènes (de la République) des textes écrits dans des langues qui sont demeurées pour la plupart orales. En effet, sans instance normative1 qui fixe le code écrit, une grande partie des dialectes afro-boréals, subsahariens, indiens ou de chine continentale, ainsi que le breton, l'auvergnat, le corse (?) ou le belge (liste non-exhaustive) sont lus par de trop rares érudits. A cette liste, accordez-moi d’y ajouter notre sabir nictamérien local dont la récente parution d'un dictionnaire céfran/français a couronné les louables efforts lexicographiques d’un « prof » du collège Jean Jaurès; efforts aussi pour se faire comprendre du plus grand nombre et tenter, par là même, de calmer les craintes de nos concitoyens à son égard2.

Délicate attention pédagogique venant consolider celle d'une tête (de pont) de la philosophie en déconstruction qui, il y a déjà un bail, nous éclairait sur « cette zone hors-la-loi " à l'intérieur du français ", ce degré zéro-moins-un de l'écriture qui pouvait se laisser interpréter comme  un mouvement d'amour ou d'agression envers toute langue donnée, pour lui donner ce qu'elle n'a pas et qu'il n'a pas lui-même »3.

A la lumière de ces propos, on peut se demander alors, si l'apophtegme j'te niquerai jusqu'à ce que tu m'aimes, nouvel " hymne à la joie " des tournantes et véritable cri du coeur du rap le plus sauvage, ne doit pas s'entendre comme une tentative à sec d'actualisation de ce processus d'enculturation (sic).   

De ces heureuses ou fâcheuses  constatations, nous pouvons donc conjecturer  — sans trop s’aventurer sur les rivages nauséeux de l’autosatisfaction du passé colonial — que les rares personnes qui savent lire et écrire ces langues académiquement ignorées ont eu aussi le bon goût ou l’occasion d’apprendre assez de rudiments de la langue de Tintin  pour en comprendre grosso merdo l’indigente prose politique et administrative dont nos inappropriés candidats pantinois sont les seuls (avec vous semble-t-il ?) à s'y intéresser. Quant aux autres...

Ces modestes remarques vous auront-elles apaisée ? Pas si sûr. Peut-être serait-il bon alors de s’octroyer un petit répit avant de continuer ? J’en profiterais pour vous muscler les neurones par quelques exercices d’assouplissement idéologique qui vous permettront d’aborder plus sereinement le 1er tour des élections municipales. Et d'abord, calmer vos inquiétudes à propos de problématiques qui agitent trop souvent, à mon goût, le débat politique.

Vous ne seriez pas la première, en effet, à vous demander que faire pour vivre-ensemble-entre-soi-avec-contre-sans-sur-eux-les-autres 4 ? Ou, dans une formulation moins obscure, comment peut-on être persan ou français ? Persan et français ?! Belge ou wallon ??!! Belge et belge !!! Autant de questions qui bornent par les réponses qu’on y attend les contours d’une communauté idéalisée afin d’exclure éventuellement ceux qui ne s’y conformeraient pas. Partager cette option droite de droite, c’est soutenir que la langue est un puissant marqueur identitaire, voire un discriminant que l’on doit défendre contre le libéralisme multilinguistique et la désagrégation des liens de solidarité et/ou de servitude communautaire que l' im-mondialisation invite (ou force) à dépasser, pour nous imposer un cosmopolitisme de bon aloi paré de toutes les vertus pacificatrices. En face, à un tour de pédalier, l’option gauche de gauche claironne son espérance eschatologique en une Babel réconciliée avec elle-même : corollaire linguistique des principes hypostasiés dans la déclaration des droits de l’homme et projet œcuménique que je ne peux m’empêcher de rapprocher de l’injonction évangélique, « aimez vous les uns les autres ! » ou dans sa version moins christicole concurrente de l'aspiration théologale à l’unicité 5 ®(تَوْحيد). Mais pour réaliser cet idéal de pureté, les langues doivent être dépouillées de leurs attributs identitaires — du passé, faisons table rase ! — qui rappellent trop notre humanité barbare, pour devenir de simples outils de communication, des sortes de jetons neutres indistincts, déposés sur le damier sans case d'un monde enfin devenu sans histoire. Fin de l'Histoire aussi mortifère, par ailleurs, que celle que nous promettaient les stratèges de la guerre froide après l'holocauste nucléaire. Resquiescat in pacem!

Arrêtons là notre p(r)ose et redescendons sur terre avant que l'ivresse des cieux ou des profondeurs ne s'empare de nos esprits vagabonds et nous fasse oublier notre but. 

L’attente des lendemains qui déchantent se faisant longue, nos pantin(oi)s gauches de gauche (ou à la gauche de la gauche) 6 ont du temps à dépenser pour réactualiser sans fin leurs rêves — j’aurais pu dire cauchemars mais vous m’auriez accusé de faire de l’ironie ; d'où l'utilité de cette campagne électorale qui leurs semblent un bon moyen pour nous les distiller. Ce faisant, est-il bon qu’ils abandonnent ces illusions ? Avec le risque de sombrer dans je ne sais quelle mollesse social-démocrate, délaissant ainsi les promesses d'un avenir irradié de leurs bonnes intentions au profit, trop peu enthousiasmant, d'une gestion performative de l'infamie capitaliste. Pire, est-il souhaitable qu'ils se perdent — comme moi-même — dans le désœuvrement postmoderne, désenchantés, orphelins ou naufragés des grands récits d’émancipation humaine ?

Puisque vous avez eu assez de force pour me lire jusqu’ici, je suis certain Marie Dominique-C., que vous laisserez vaquer nos dinosaures politiques à leurs douces espérances car vous ne sauriez souhaiter à votre pire ennemi ce que le temps d’une lettre je vous ai fait subir.

Bonne route & salutations vélocipédiques.

Un bobo à vélo.   


1.   Agences de qualification, de contrôle et de standardisation de la langue écrite sous les coupoles desquelles de vieux barbons (évêques, maréchaux, publicistes variés ou avariés, immortels autoproclamés, etc..), y congèlent les bons usages, croyant par là conjurer leur propre décomposition.     2. Combien d'années faudra-t-il encore attendre pour ne plus s'épouvanter des pratiques sodomites de ce verlan qui s'amuse à prendre les mots par derrière ?  3.  Cf. Jacques Derrida, Le monolinguisme de l'autre, Paris, Galilée, 1996.  4. Rayez les mentions qui vous semblent inutiles!     5. Marque déposée d’un produit dopant autorisé. Alors que la taxinomie marxiste le classe parmi la famille des plantes opiacées dont les effets secondaires se révèlent gravissime chez les encastreurs de Boeings, l'Internationale cycliste nous refuse l’EPO qui paraît pourtant, en comparaison, un adjuvant bien inoffensif pour l'organisme en mal de performance. Chercher à comprendre ce mystère, c'est « aller qwèri St-Pire à Rome », comme nous le rappelle une expression d'outre-quiévrain, pleine de sagesse — une fois.    6. Je préférais le bon vieux temps où, à l’abri de l’Armée dite Rouge, on pouvait les traiter impunément de gauchistes.

5 décembre 2005

Des ponts en général

Des ponts en général et de K. Z. en particulier


Lorsqu’un bataillon de militaires traverse à pied un pont, un observateur attentif s’étonnera de voir ceux-ci briser soudainement le rythme de leur marche et offrir sans barguigner le spectacle d’une troupe complètement désordonnée. Perplexe, il se demandera : quel est donc ce spectre invisible qui terrorise ces valeureux guerriers et provoque le chaos dans leurs rangs ? Quel ennemi souterrain assez puissant peut saper ainsi la discipline de n’importe quel corps d’armée dès lors qu’il s’apprête à franchir ce type d’obstacle ? Encore plus inquiétant, quel commandement peut remédier à ce désordre ? 

Ignorant les lois de la mécanique, cet observateur est loin de penser que sous les pas cadencés de nos fantassins oeuvre une arme de destruction massive qu’aucune coalition ne peut vaincre : une solution particulière d’une équation différentielle du deuxième ordre propageant une onde de choc aussi dévastatrice qu’un tsunami.

Ami lecteur et observateur, je n’abuserai pas de ton intelligence pour t’imposer ici un cours sur les oscillateurs. Tu serais en droit de me demander si cela a un quelconque rapport avec le sujet qui nous préoccupe et, à bien y réfléchir, je serais dans un grand embarras pour te répondre.  Mais si, après l’exposé des faits, tu cherches toujours à approfondir les raisons physiques de cet étrange phénomène, je serai heureux de pouvoir étancher ta soif de connaissances ; ma fibre ensaignante, aujourd’hui malmenée par d’incessants rapports disciplinaires, se fera plus tard un plaisir de t’initier aux délices du calcul différentiel.

Quelle relation, te demandes-tu malgré tout, entre ce bavardage qui frise le pédantisme et M. K. Z. ? Faut-il être mécanicien pour comprendre ce qu’a bien pu commettre cet individu ? Ne s’éloigne t-on pas de l’objet du rapport à force d’user de tant de métaphores ? Hélas ! C’est que l’entreprise est difficile et je doute qu’à exposer dans le menu détail les mille et un faits que je lui reproche, tu ne puisses te faire une opinion sur le grand danger qu’il fait causer à sa classe. Car le secret de son génie pervers, ce qui fait que depuis des années il nous embête sans que l’on puisse le coincer, est insoupçonnable, presque indicible. Pourquoi ? Il a compris instinctivement, sans qu’on lui fasse la leçon, qu’en usant de peu d’énergie – pourvue qu’elle soit employée au bon moment, à mauvais escient et à une fréquence précise – il pouvait par petites perturbations successives et agitations quasi imperceptibles, entrer en résonance avec la fréquence propre de la classe et ainsi provoquer de grands bouleversements. A l’image de nos militaires sur le pont, il est la solution particulière qui amène au chaos et à la destruction massive.

Certes, parfois un dérèglement ou un léger écart à la norme permettent de repérer le phénomène. Exemple : son portable sonne dans la classe et ostensiblement il ne peut s’empêcher de répondre en vous ignorant royalement. Du coup, vous l’excluez dès votre premier cours de l’année scolaire. Mais bon prince, encore reposé des récentes vacances scolaires – si enviées du vulgus pecum –, vous avez pitié de son mauvais numéro de mea culpa larmoyant ; vous voulez récompenser la franchise de son air si hypocrite de sorte que vous décidez de le reprendre une semaine plus tard. Vous vous dites alors qu' il a intégré votre norme et connaît désormais la ligne qu’il ne pourra franchir sans que vous montriez les crocs.

Vous vous croyez sauvé et c’est là votre erreur. Vous baissez alors la garde et son instinct perturbateur s’engouffre pour y battre toute sa démesure. Une mécanique implacable s’enclenche illico. Commence la distillation rythmée  comme un métronome de remarques aussi discrètes que provocantes à l’adresse de ses camarades, de larcins de stylos, de règles, de calculettes, d’attouchements inopportuns, à la fréquence si bien ajustée qu’elle engendre un résultat instantané : mouvements d’humeurs stochastiques, agitations browniennes et réactions taurines des élèves visés, sur tous les modes vibratoires. Ce qui vous donne subitement des envies de meurtres sur le gugusse qui râlait tout à l'heure contre vos trop longues vacances. En prime pour cette catastrophe, vous aurez droit gratuitement à son petit rire narquois et satisfait de lui-même. « J’ai pété ton pont », semble-t-il vous dire pour couronner son œuvre.

Alors, tandis que vos aboiements d’impuissance au milieu de la troupe en furie signent in fine sa victoire, faussement modeste il reçoit ceux-ci comme un encouragement à continuer – ad nauseam.

Chapeau l’artiste ! Rideau !

unplugged . Le 05/12/2005, quelque part près d’un pont.


                                                                   

11 juin 2003

Diorissimo & Lacrymo

Diorissimo & Lacrymo, ma non troppo

Opera en 4 actes

Paroles et Musique : Mozart, Degeyter et alii

Bruitages : CRS Prod

Eh oui, c'est tout le plaisir de partager sa vie avec quelqu'un qui confond diorissimo avec lacrymo. Aussi pour faire comme les grands frères et grandes soeurs de 68, rentrer gratos à l'opéra aller chanter l'Internationale, vieux cantique qui résonne périodiquement dans les rues de Paris, elle est pas la dernière au parfum. Mais le directeur qui n’aime pas la grande musique et n’a pas la mauvaise conscience d’un Jean-Louis Barrault assailli par les Enragés du quartier latin interrompt cette chorale. La maréchaussée reçoit l’ordre de réprimer. Résultat : matraquages violents, exactions diverses et ma meuf avec 65 jeunots embarqués par la maison poulaga. C’est Mozart qu’on assassine à 10 heures mardi soir, un 10 juin 2003. Fin du 1er acte.

A l’entracte, l’action se déplace à la caserne Berthier. La scène est divisée en deux parties. Coté jardin, le chœur parqué dans des cellules gardées par des hommes en bleu républicain. Coté cour, un autre chœur, bariolé rouge et noir dominant, qui scande « libérez nos camarades ! », sur l’air connu de Papageno, en plus grave et déterminé. Il est deux heures du mat, mercredi 11 juin.

Au deuxième acte, moderato non allegro, la nuit fait son œuvre, le chœur en cellule reçoit sa notification de garde à vue pour 72 heures, les portables sont interdits, les détenus fouillés, certains à poil, car l’auteur l’a décidé ainsi. Une avocate, genre pasionaria ou sainte Rita des causes perdues, est appelée en renfort. Elle annonce au public la comparution immédiate du coryphée au parquet à 15 heures le même jour, pour violences en réunion et de dégradations de bien public. Le chef d’orchestre de l’opéra n’aime décidément pas les artistes. Certains spectateurs commencent à se dire que la mauvaise plaisanterie du 1er acte se transforme en tragédie. D’autres, qui en ont vu d’autres, savent que la nuit sera longue et le dénouement incertain. D’où un deuxième entracte.

Les machinistes changent le décor. On transporte l’action dans une dizaine de commissariats parisiens. Les hommes en bleu accompagnent le premier chœur dans différentes cellules d’isolement, sans boire, ni manger. L’auteur pense sans doute  punir ainsi ces débordements musicaux.

L’audace scénographique du troisième acte est remarquable. L’émiettement du lieu de l’action amène le mélomane à se dédoubler constamment. Au tam-tam des cellules répondent les insultes des hommes en bleu. Mais le chœur s’emmerde et le public compatit. Il est temps de se réveiller de ce mauvais cauchemar. C'est alors que le deuxième chœur du 1er acte se transporte plus nombreux et sans l’avis de l’auteur, à 14heures au Palais « de justice », sous un soleil plombé par les hommes en bleu – toujours là, ceux-là. On est dans la plus grande confusion. L’auteur ne maîtrise plus l’intrigue. Sainte passionaria nous annonce à 16 heures la relaxe de la doyenne et de quelques autres.

Au quatrième, tout est mal qui finit à peu près bien. Je retrouve ma meuf. Mince! J’ai oublié son flacon de diorisssimo.

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